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Fermeture de la Direction régionale de la sécurité civile du Nord-du-Québec : les élus jamésiens tirent la sonnette d’alarme

Hind Dekkar
Nichèle Compartino, mairesse de Chibougamau et présidente de l’Administration régionale Baie-James (ARBJ)
Publié le 18 décembre 2025 par Hind DekkarNichèle Compartino, mairesse de Chibougamau et présidente de l’Administration régionale Baie-James (ARBJ) / Photo : portrait officiel de Nichèle Compartino


La décision du ministère de la Sécurité publique (MSP) de fermer la Direction régionale de la sécurité civile du Nord-du-Québec, remplacée par un simple bureau satellite, provoque une vive inquiétude chez les élus jamésiens. Si Québec assure avoir mené une analyse « solide et adaptée » au contexte budgétaire, les maires jugent cette mesure déconnectée des réalités d’un territoire stratégique et vulnérable.

Un pilier économique et énergétique

Le Nord-du-Québec concentre des infrastructures vitales : 50 % de la production hydroélectrique provinciale, une forte présence de minéraux critiques et 15 % du bois récolté au Québec. Pour Nichèle Compartino, mairesse de Chibougamau et présidente de l’Administration régionale Baie-James (ARBJ), l’absence d’une direction régionale dédiée fragilise la sécurité de ces installations. « Ne pas avoir de décideurs sur place est extrêmement problématique », résume-t-elle.

Des risques amplifiés par le climat

Les élus rappellent que le territoire est particulièrement exposé aux effets du réchauffement climatique : dégel du pergélisol, infrastructures fragilisées, feux de forêt récurrents et pressions croissantes sur les réseaux de transport. « Tout cela exige des interventions adaptées à notre réalité », insiste Mme Compartino.

Une gouvernance unique à protéger

Au-delà des enjeux matériels, la région est régie par un cadre législatif particulier issu de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. Les feux de forêt de 2023 ont montré l’importance d’une présence enracinée pour coordonner les multiples instances locales – communautés cries, municipalités et gouvernement régional. La fermeture de la direction régionale est perçue comme un recul par rapport aux acquis obtenus à la suite de cette crise.

Une logique budgétaire contestée

Pour les élus, la décision du MSP repose sur une approche purement comptable. Ils rappellent que la création de la direction régionale en 2023 visait à simplifier les processus, améliorer la coordination et accroître l’efficacité des interventions.

« Si une crise frappe nos infrastructures, ce n’est pas seulement le Nord qui sera touché, mais l’ensemble du Québec », avertit Mme Compartino.

Les maires poursuivent leurs démarches auprès du gouvernement. Le député d'Ungava, Denis Lamothe plaide pour l’annulation de la mesure, tandis que des discussions sont en cours avec le ministre responsable de la région, Ian Lafrenière, également titulaire de la Sécurité publique. « Nous ne lâcherons pas, c’est trop important pour l’avenir », conclut Mme Compartino, rappelant que la sécurité civile ne devrait pas être une variable d’ajustement budgétaire :

« Pour nous, la protection des citoyens comme des infrastructures ne sont pas des domaines où l’on peut se permettre de réduire les ressources. »